Les ustensiles du thé – 1
Dans l'absolu tout ce dont on a besoin pour pratiquer le thé est un bol, de l'eau chaude et quelques feuilles de thé…Mais la pratique du thé est aussi un artisanat et chaque artisan est enclin à rassembler un ensemble d'outils qui lui sied.
Colporteur de thé chinois portant ses ustensiles sur le dos…
Les boîtes à thé
Elles sont les gardiennes du trésor, on attend d'elles qu'elles conservent tous les goûts et les arômes du thé qu'elles contiennent. Dans la pratique elles limitent les dégats du temps. 2 qualiTHÉs à rechercher :
étanchéité à l'air et neutralité chimique.
Le top qualitatif étant la boîte en étain pur, à double couvercle, belle mais chère…
Toujours se mettre à la place du thé et renifler, si ça sent mauvais pour vous, ça sentira mauvais pour le thé. Attention notamment au joint puant de certaines jarres ou boites. Les boîtes en céramique ou grès sont aussi très bien et chimiquement neutres. Celles en bois ou bambou sont esthétiques et intéressantes pour les thés verts. La boîte en fer-blanc et papier washi japonaise double couvercle est un peu le standard par défaut, elle permet aussi de conserver le thé dans son emballage. Et enfin la simple boite en fer qui ferme mal, est à proscrire, car vraiment trop perméable à l'air.
Les outils pour le thé
Si certains sont vraiment spécifiques au Gong fu cha, la plupart on leur équivalent dans la vaisselle ou les outils français… À titre anecdotique, après avoir acheté le pic à Puerh pro (dangereux et mal fabriqué) j'ai trouvé un bon vieux couteau à huitre Laguiole beaucoup plus adapté
et robuste… Car la première qualité d'un couteau à Puerh c'est de garder les doigts intacts !
Le pic à Puerh pro… parfait pour se ruiner les doigts ou pour les nostalgiques de Basic Instinct…
- pic ou couteau à Puerh : permet d'extraire les feuilles de Puerh des galettes, briques et autres tuocha. Selon la compression du thé, un simple cure-dent fera l'affaire ou un marteau et un burin seront à peine suffisants… L'usage de la dynamite étant à envisager seulement en dernier recours…
- verseuse pour feuilles de thé : une fois qu'on a extrait les feuilles de la galette ou d'une boîte, il faut bien les mettre quelque part… même si n'importe quelle tasse ou ramequin feront l'affaire, la verseuse à thé est un réceptacle à la forme étudiée pour facilité leur transvasement dans la théière.
- passoire : pour filtrer les feuilles de thé. Ça peut semblait enfantin, mais il faut trouver la bonne passoire universelle : Trop fine elle se bouchera fréquemment, trop grossière elle laissera passer certaines feuilles ou morceaux. La porcelaine est certainement la matière la plus neutre (mais le filtre est en fer), celles en lanières végétales filtrent mal et celles tout métal demande à être bien culottées (en les laissant tremper dans une décoction de thé par exemple).
- Chadao : rentrent dans cette catégorie divers trucs et bidules spécifiques au thé, comme des pinces pour manipuler les tasses,l'aiguille à déboucher la théière, le pinceau à théière, la mesure à thé… c'est joli, mais personnellement je ne m'en sers pas beaucoup.
- plateau : Les Chinois utilisent des plateaux à double fond pour verser l'eau ou équipés d'un système d'évacuation. À moins d'avoir un endroit dédié dans la maison, le matériel électrique et informatique ne raffole pas vraiment d'un environnement humide. La rareté de l'eau de source déjà évoquée, font aussi que personnellement je l'utilise avec parcimonie pour réchauffer les ustensiles et pas pour « faire la vaisselle ».
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- assiette : bateau à thé, pour poser la théière, y verser de l'eau et la garder au chaud. Il y a de très belles pièces chinoises, mais aussi japonaises ou européennes. Là aussi on pourra opter pour l'école « chatoyante » avec plein de motifs colorés ou la sobriété zen d'un grès flammé.
- bol à eau : pour jeter les eaux usagées, n'importe quel bol peut faire l'affaire, mais évidemment il y a de très beaux bols japonais ou de potiers français.
- Pichet de service : pour verser le thé infusé. On peut aussi verser directement le thé dans les tasses
- serviette : une serviette au motif plaisant en harmonie avec la théière qui servira à s'essuyer les mains ou la théière et à manipuler les ustensiles trop chauds.
Ma petite collection d'objets de thé (7 images)
Les outils de mesure
Il peut sembler anachronique, en tout cas pas très dans l'esprit Gong fu cha d'utiliser des outils de mesure objective. Mais pourtant c'est exactement ce que l'on fait lorsqu'on met une cuillère de thé par personne, ou que l'on remplit de feuilles le tiers d'un gaiwan, ou que l'on compte jusqu'à 5… simplement c'est moins précis. Surtout si l'on est amené à travailler différents thés d'un jour à l'autre dans des récipients différents, il n'est pas aisé de garder un sens de la mesure et du bon dosage. Les outils de mesure et les notes de dégustation permettent simplement de progresser plus vite dans cette science, au sens noble, qu'est la préparation du thé. Cette capacité à mesurer précisément permettra aussi de reproduire l'expérience et de la partager avec d'autres.
- mesure à thé : c'est l'outil le plus simple simple et le plus ancestral pour mesurer et manipuler le thé. Ci-dessus en racine de bambou. Les mesures artisanales sont d'une bonne précision pratique, leur point faible, c'est qu'il faudrait une mesure pour chaque type de thés…
- éprouvette graduée de 25 cl : permet entre autres de mesurer la contenance des théières et gaiwan, les vendeurs n'étant pas toujours très précis sur ce point.
- balance de précision : permet de vérifier le poids du thé que l'on achète ou partage, et de mesurer précisément la quantité de thé que l'on infuse. C'est, avec le thermomètre un outil qui devient rapidement indispensable, si l'on approfondir l'aspect rationnel de la préparation du thé.
- chronomètre : utile pour mesurer les infusions de plus de 30s. Bien qu'on en trouve sur tous les téléphones ou réveils, il vaut mieux en avoir un dédié à la cuisine, étanche aux doigts mouillés et si possible pas trop laid…
- thermomètre : C'est l'objet de thé le moins cher et de loin le plus utile. Le thermomètre est l'ami du pâtissier et du faiseur de thé…La température et sa dissipation dans le temps sont probablement les éléments les plus difficiles à contrôler et qui demandent toute notre attention. Il existe diverses techniques empiriques pour tenter d'évaluer la température de l'eau : Aspect visuel de l'eau, bruit de la bouilloire, touché rapide de la main… elles ont toutes en commun le fait d'être approximatives, de varier grandement d'une personne à l'autre, d'être dépendantes de l'altitude où l'on se trouve et du récipient utilisé, et de ces faits d'être difficilement transmissibles. Ceci étant il est tout à fait possible pour une personne expérimentée à un endroit donné, d'avoir une approche assez juste avec ses méthodes.
• hygromètre : pour la mesure du taux l'humidité relative de l'air (% RH). C'est probablement l'outil le moins nécessaire de la liste, mais si l'on souhaite faire murir du Puerh, il est bon de vérifier l'hygrométrie de sa cave à diverses périodes de l'année. Sans se lancer dans la mesure de laboratoire, éviter tout de même les jouets qui donneront des mesures complètement fantaisistes.
Si l'on est curieux, avec une balance et un thermomètre on peut jouer à comparer 2 infusions, par exemple de 5gr d'un même thé en faisant varier les facteurs température /temps : 40s à 75°C et 25s à 90°C. Ou au contraire, à partir d'un temps et d'une température d'infusion fixes (ex. 30s à 85°C), varier le poids du thé à 3 , 5 & 7gr… C'est une manière ludique de percevoir l'impact des différents facteurs de l'infusion.
Après avoir présenté tous ses outils « barbares », certains obsolètes, d'autres de technologie nouvelle il et bon de rappeler que ce ne sont que des outils. Et de la même manière qu'un peintre à la Renaissance préparait ses propres couleurs et se transformait pour l'occasion en petit chimiste avec sa balance, ses pipettes, son mortier et son becher, son but premier restait l'art pictural. De même sur la voie du thé laïque, celle que je pratique, il n'y a ni dogme, ni interdits, ni tabous… si c'est bon pour le thé, c'est bon pour moi ! |