La cave à thé idéale – 1
La cave à thé idéale est celle qui vous va bien… mais peut-être aussi qui est composée d'une gamme assez large de thé, pour pouvoir apprendre. On aime pas tous les thés pareillement, mais les choses changent, on évolue, on apprend… souvent on passe à côté, un thé mal préparé ou de mauvaise facture, pas d'humeur et l'on se dit : Le Bao Zhong ça n'a vraiment pas de goût ! et puis un jour, on découvre le Bao Zhong… bon sang, mais comment j'ai fait pour passer à côté de ça ?
Certains thés sont comme les êtres humains plus ou moins facile d'accès. Certains sont sympathiques et joviaux, mais finalement assez creux, d'autres plus « bruts de décoffrage » mais valent vraiment le détour. Donc pas (trop) d'impatience, ni de jugements à l'emporte-pièce.
2 conseils pour faire sa petite réserve de thé :
Un échantillon représentatif de chaque type de thé, en petite quantité (50gr) mais de bonne qualité. Un Long Jing à 7€/100gr, c'est pas du Long Jing ! (Pour donner une idée du travail que cela représente, 100gr de Long Jing Dragon Well nécessitent environ 5200 "shoots" cueillis à la main avant le 5 avril.)
Si un thé vous semble sans intérêt, ni bon, ni mauvais, c'est qu'il l'est probablement. S'il vous semble, trop amer, trop fort, trop ceci ou cela, ou au contraire pas assez de goût ou de corps : donnez-lui une autre chance, éventuellement en comprenant un peu le processus physico-chimique de l'infusion. Il a peut-être du caractère et demande à être apprivoisé ou bien c'est un de ces thés, fin et subtil que l'agitation de la journée nous a masqué ?
Quand on dit que les grands crus de thé sont chers, rappelons tout de même, que 100gr de thé permettent de faire une vingtaine de cessions et d'obtenir environ 7 litres d'infusion soit prêt de 10 bouteilles de vin… mais oui le thé de qualité est cher. Pour faire un petit calcul, une cession pour une ou 2 personnes, avec 5 gr d'un grand thé à 30€ les 100gr reviendra à 1,5€… le prix d'une bouteille de Coca et très en dessous d'une bouteille d'un grand vin…
La conservation
D'une manière générale les thés peuvent être gardés dans leur emballage d'origine placé dans une boite étanche, et ce, dans un endroit frais et sombre, légèrement aéré, à l'abri des rayons du soleil et sans odeurs fortes, surtout synthétiques ou de cuisine.
Il est à noter, que bien stocké, un thé n'a pas vraiment de date de péremption comme une conserve, il risque juste de perdre certains de ses arômes et pour des wulong ou des Puerh d'en développer d'autres. Leur évolution dépendra grandement de l'endroit où ils sont stockés et des boites qui les contiennent.
Un thé laissé à l'air libre en plein soleil deviendra du foin en quelques jours. Stocké au frais dans une boite en étain, il évoluera de longues années.
Les thés verts et blancs sont de loin les plus fragiles et à consommer de préférence dans les 6 mois suivants leur cueillette (pas de leur achat).
À conserver dans leur emballage d'origine ou sachets d'achat, placés dans des boites à 2 couvercles les plus hermétiques possible. Après chaque usage, on veillera à bien expulser l'air du sachet et à les maintenir fermés à l'aide d'une pince à dessin.
En effet les feuilles du thé vert ayant un taux d’humidité élevé, l'oxygène de l'air, la chaleur et l'humidité réactivent leur post-oxydation. La conservation au froid a certes des avantages pour les thés verts scellés, mais une fois ouverts, cette solution s'avère peu pratique pour les thés que l'on consomme couramment. En plus de devoir sortir le thé du réfrigérateur 1 heure avant son utilisation, il faut veiller à ce qu'il n'y ait pas d'odeurs contaminantes. Mais pour qui peut s'offrir un réfrigérateur dédié au thé, et qui achète son thé scellé sous vide, c'est la solution idéale de conservation pour les thés verts.
Les Wulong sont des thés qui, conservés dans de bonnes conditions, peuvent évoluer de façon intéressante en perdant un peu de leurs essences aromatiques et en gagnant en arômes tertiaires. Pour les grands crus, privilégier des jarres bien remplies en étain ou en porcelaine qui ont l'avantage d'être des matériaux neutre et inerte.
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Les thés noirs dont les feuilles sont plus stables et plus oxydées peuvent eux aussi se conserver, voire évoluer plusieurs années si elles sont bien stockées en jarre de porcelaine ou de grès. Ceci étant, ils seront plus « goûteux » dans les mois suivants leur récolte.
Le Puerh évolue dans une post-fermentation naturelle voulue et même recherchée, accélérée par la chaleur et l'humidité. On place si possible du vieux Puerh au contact du nouveau pour favoriser l'échange bactérien. Il est important de contrôler au moins 2 fois par an son avancement dans la maturation.
Thés en vrac
Sur les milliers de thés que compte la Chine, il y a en fait quelques grandes familles, pour commencer dans les thés verts :
3 grades de Long Jing Ming-Qian : plus les feuilles sont petites et précoces plus le grade est élevé et cher… mais pas forcément meilleur !
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- Long Jing : Une référence incontournable, mais les vrais coutent chers, et les grades supérieurs (Type AAA) ne sont pas forcément les plus goûteux (là aussi beaucoup de snobisme).
- Anji Bai Cha : là encore un thé onéreux, mais que l'on appréciera comme un dessert en petite quantité.
- Sencha japonais, un goût et une sensation unique, très différent des thés verts chinois de part sa culture et son façonnage. Accompagne parfaitement le riz et le poisson.
- thé de petit producteur, pas forcément un cru célèbre, mais il y a parfois d'excellentes surprises… faut goûter !
On continu par 3 Wulong et 2 thés noirs, un chinois et un Darjeeling :
Quelques Wulong et thés noirs incontournables, ici un Tie Guan Yin "en boule" – (5 images)
- Tie Guan Yīn : Un wulong peu oxydé de la région du Fujian constitué de feuilles entières et roulées, au goût fleuri et très rafraîchissant.
- Dongfang Meiren, Beauté de l'Orient : Un thé de Taiwan dont le goût particulier est dû (entre autres) à l’action d’un moucheron qui aspire le suc de la feuille entraînant une transformation de son métabolisme. Un thé très agréable avec des gâteaux secs (même si c'est un peu sacrilège).
- Phœnix Dan Cong : Les vrais Dan Cong sont rares, un peu moins de 10.000 arbres, pour 80 cultivars donnant chacun un thé au goût unique, évoquant diverses fleurs ou fruits : fleur de magnolia, d'oranger, de pamplemousse, d'orchidée…
- Dian Hong ou autre bourgeons dorés sont des thés du Yunnan. Contrairement aux thés noirs industriels, ces grands crus chinois ont une personnalité subtile et profonde avec parfois des notes de cacao et de malt.
- Darjeeling : Un des rares thés noirs non chinois qui mérite le détour. Choisir un grand jardin type Ambootia, Castleton, Puttabong… préférer les cueillettes de printemps, mais certaines cueillettes de mousson ou d'automne sont très intéressantes.
Cave à Puerh
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